jeudi 23 février 2012

Falun gong : un militantisme déterritorialisé


Texte par Audrey Boivin


VERMANDER, Benoît, Falun gong : un militantisme déterritorialisé, p. 95-111.


Le texte « Falun gong : un militantisme déterritorialisé » écrit par Benoît Vermander traite de la relation entre l’État chinois et les adhérents du Falun gong après la grande manifestation du 25 avril 1999, ainsi que de l’internationalisation du mouvement. À cette époque, le Falun gong est considéré comme sectaire et il est désormais réprimé par l’État. 
La première partie du texte relate les événements tels qu’ils se sont enchaînés après cette première manifestation d’envergure. Une fois le Falun gong déclaré illégal, interpellations et arrestations s’en suivent et les adhérents du mouvement manifestent de nouveau. Certains membres sont ensuite emprisonnés ou condamnés à la rééducation dans des camps de travail. Les membres du mouvement manifestent de nouveau sur la place publique et les relations s’enveniment d’autant plus avec le gouvernement. Il semble que la situation ait été tel un cercle vicieux : plus l’État renforçait sa position anti-sectaire et prenait des mesures pour réprimer le mouvement, plus les partisans du Falun gong réagissaient, et vice versa. Éventuellement, le mouvement finit par perdre de son ampleur en terre chinoise et les manifestations perdirent en force. Cet affaiblissement est tout de mêame relatif, notamment parce que « l'internationalisation du mouvement compense partiellement son affaiblissement sur le territoire chinois ».

L’auteur se penche sur la question quant à savoir si le Falun gong est en fait un « culte pervers ou [une] voie de salut ». Vu par l’État, le mouvement du Falun gong correspond aux quatre critères des organisations sectaires. Il est notamment jugé illégal parce qu’il promeut des écrits donnant de l’importance à diverses croyances aux couleurs religieuses, et ce, de façon illicite puisque non autorisées par l’État. De plus, le soutient que le Falun gong recevait de l’étranger semble avoir consolidé la position de l’État chinois y voyant un complot pour « égarer les esprits et porter atteinte à la société » chinoise. Pour ces raisons, le Falun gong fut qualifié de culte pervers par l’État qui jugeait nécessaire de réprimer sa pratique. Par contre, du point de vu des adhérents, ou du moins du point de vu du fondateur Li Hongzhi, le Falun gong serait plutôt un mouvement montrant la voie du salut. En effet, « le caractère salvateur de la pratique publique » se serait en quelques sortes transformée, après le début de la répression par l’État en 1999, en manifestations « pacifiques » visant à promouvoir la « Grande Loi » et ainsi à éliminer les forces du mal. Conséquemment, du point de vu des adhérents, le Falun gong était plutôt une voie de salut et sa pratique était jugée comme bénéfique à la société. 
Vermander se questionne aussi au sujet de l’identité des adhérents du Falun gong et des raisons de leur persévérance à résister à l’État chinois. D’abord, quant à leur identité, il semble que le mouvement ait connu une certaine popularité dans « toutes les tranches d’âges et toutes les catégories professionnelles ». L’organisation du mouvement semble tout de même s’être faite de façon stratégique. En effet, bon nombre des adhérents, dont plusieurs représentants du Falun gong, faisaient partie des forces armées ou policières. Quant à la motivation poussant les adhérents à résister, l’auteur l’attribut à la conviction qu’ils avaient d’être des « gens biens », en opposition aux restes totalitaires d’un régime qui cherchait à les convaincre qu’ils étaient « intrinsèquement mauvais ».
L’exil de Li Hongzhi aux États-Unis est ensuite décrit comme une stratégie du fondateur dans le but de démasquer les disciples qui ne se dévouaient pas totalement au Falun gong et qui n’étaient donc pas dignes de la confiance du Maître.
Finalement, à la lumière des faits illustrés par son texte, l’auteur conclut avec une série de thèses que l’évolution du Falun gong révèle au sujet des croyances, de l’État et de la société chinoise.

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